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La biodiversité au Maroc « Etat des lieux et enjeux futurs »

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Le 20 décembre 2005, l’Assemblée générale des Nations Unies a proclamé 2010 Année Internationale de la biodiversité [AIB]. C’est donc l’occasion de nous questionner : quel est l’état des lieux au Maroc et quels sont les enjeux futurs alors que certains scientifiques perlent même d’une «sixième crise d’extinction majeure» suite aux bouleversements environnementaux sans précédent causés par les activités humaines.

C’est aussi l’opportunité pour nous de contribuer à faire mieux comprendre l’impérieuse nécessité de stopper l’érosion accélérée de la biodiversité marocaine, de sensibiliser l’opinion publique à l’importance de la diversité biologique et de permettre à chaque citoyen d’identifier comment il peut agir de façon à contribuer à stopper la perte de notre patrimoine naturel à l’heure où le Maroc s’apprête à adopter «la Charte Nationale sur l’Environnement et le Développement durable», en cours d’élaboration conformément aux hautes directives royales.

My. Ahmed El Alaoui El Fels

Nous allons examiner l’état de la biodiversité au Maroc. Comme on le sait, l’année 2010 a été décrétée année de la biodiversité. Cette rencontre peut donc être associée à une manifestation planétaire. Elle sera animée par les professeurs Tahar Slimani et Mohamed Ghamizi et également par l’ingénieur forestier Saïd El Mercht.
Chacun, dans sa spécialité, viendra nous entretenir de l’état des lieux de la biodiversité au Maroc, qu’il s’agisse de la faune ou de la flore marocaine, même si celles-ci ne sont pas encore totalement connues. Chacun travaille, depuis vingt ans, dans sa spécialité dans son laboratoire ou dans son administration. Enfin, le professeur Jordan Christopher, qui a effectué de nombreux voyages, présentera une conférence liée directement au sujet de la biodiversité. Il nous proposera, en effet, un voyage dans la biodiversité à l’échelle de la planète. Il nous donnera aussi le point de vue de l’esthète, du paysagiste et de l’artiste. Il parlera en anglais, mais son texte sera traduit en français.

Tahar Slimani
Ce festival des jardins est devenu une tradition à Marrakech. Pourquoi, cette année, ce thème de la biodiversité ? Comme on vient de le rappeler, cette année a été consacrée par l’ONU comme étant l’année de la biodiversité. On entend par là l’ensemble des organismes vivants à un moment donné sur un territoire déterminé. Cette notion peut se penser à trois niveaux, local, régional ou mondial. Mais ce qui nous intéressera présentement, ce sera la biodiversité au Maroc.
Le Maroc, par sa situation géographique, se classe, avec la Turquie, parmi les pays méditerranéens ayant le plus d’espèces vivantes sur son territoire. Il précède donc les autres pays méditerranéens, mais cette biodiversité est aujourd’hui très menacée. Il convient donc de présenter l’état des lieux de la biodiversité au Maroc. J’espère que cette année 2010 sera une année de relance des actions pour la conservation de la biodiversité dans notre pays.
On peut commencer par une définition de la biodiversité. Tout le monde se demande, en effet, ce que recouvre cette notion. C’est simple : elle est l’inventaire chiffré de toutes les formes de la vie sur terre. C’est donc, d’une autre manière, la vie dans son ensemble qui est ainsi désignée. On évoque par là l’ensemble de la faune, de la flore, mais aussi, dans certains cas, la diversité culturelle et religieuse. Il s’agit d’un concept récent. L’origine du mot date des années 1980. On le trouve initialement dans les écrits de Thomas Lovejoy, un biologiste américain, qui a repris cette notion en 1985 à l’occasion de la préparation du Forum international de 1986.
Une définition plus précise a ensuite été proposée lors du Sommet de la terre à Rio de Janeiro. Ce sommet fut celui de la première convention internationale sur ce sujet. Ses décisions ont été ratifiées à ce jour par 190 pays dont le Maroc.
La biodiversité est donc devenu un concept un peu confus. Toutefois, si le mot est récent, les considérations sur la diversité de la vie sont déjà anciennes. Le mot n’est ainsi que le résultat d’une longue évolution qui remonte à un passé assez lointain. On s’était, en effet, rendu compte, que, si la multiplication des espèces demande beaucoup d’années, leur destruction ou leur disparition peuvent être très rapides. Ces évolutions peuvent s’expliquer par de multiples facteurs comme les interactions entre les organismes vivants, la prédation en particulier qui fait que certaines espèces en éliminent d’autres pour leur propre survie, mais il y a aussi les interactions entre les êtres vivants et leur environnement.
Quelles sont les menaces sur la biodiversité ? Cette question se pose avec plus d’acuité si on considère que l’érosion de la biodiversité s’accélère actuellement à un rythme très inquiétant. Certains chercheurs parlent même d’une sixième extinction majeure des espèces sur notre planète. En gros, à l’échelle mondiale, on estime que le rythme actuel de disparition espèces vivantes est de cent à mille fois plus grand que ce qu’il devrait être naturellement. En sont responsable tout simplement les activités humaines et non la nature.
Quelles sont les principales causes qui agissent dans ce processus ? On a identifié cinq causes qui portent atteinte à la biodiversité. La première est la fragmentation et la destruction des milieux naturels, des habitats habituels de la faune ou de la flore. Ceci est dû d’abord à l’accélération de l’urbanisation. Ainsi près de Marrakech, on observe une diminution rapide des terres agricoles et donc la disparition des espèces vivantes qui s’y trouvaient antérieurement. Ensuite, il y a l’exploitation par l’homme des espèces sauvages, tout particulièrement leur surexploitation, par exemple la surpêche mais il y a aussi la collecte des animaux dans la nature, par la chasse ou par le braconnage. L’homme diminue de la sorte l’importance des populations d’êtres vivants et parfois les fait disparaître totalement.
On peut ajouter à cela l’introduction des espèces exotiques ou étrangères. Le Maroc n’est pas trop touché par ce fléau. Mais on a vu ailleurs les effets de l’introduction espèces exogènes sur les espèces locales qui furent parfois anéanties. Si rien de grave ne s’est produit dans notre pays, il faut néanmoins rester vigilant.
On peut ensuite incriminer la pollution, qu’elle soit d’origine industrielle ou agricole. L’utilisation des pesticides, des herbicides pour améliorer la production agricole a aussi des effets sur des espèces qui sont ainsi supprimées.
Il y a enfin des changements globaux climatiques. Le Maroc dispose de deux façades maritimes. On y trouve des plaines, des montagnes, des hauts plateaux, des regs. On y voit donc des paysages diversifiés. C’est ce qui explique la biodiversité particulièrement riche de ce pays. Voilà pourquoi il est classé deuxième à l’échelle méditerranéenne après la Turquie. Toutefois, comme je l’ai dit, cette biodiversité exceptionnelle est aussi fragile. Nous avons une grande richesse par notre patrimoine vivant, qu’il s’agisse de la flore ou de la faune. C’est donc grâce à cette position, à notre histoire, en particulier en raison de notre paléogéographie, que nous représentons une région singulière sur le plan biodiversitaire.
Néanmoins, chaque année, plusieurs milliers de km carrés de notre territoire sont transformés en zones urbaines. On voit aussi que plusieurs espèces endémiques ou rares sont en train de disparaître. Nous avons ainsi la dernière population mondiale d’ibis chauves qui vivent dans le parc naturel du Massa. Cela doit nous inciter à faire beaucoup d’efforts. En particulier, l’État marocain doit faire face à ces menaces. Le Maroc est signataire de la Convention de Rio de Janeiro. Il y a désormais une stratégie de l’État dans ce domaine. Nous avons une charte nationale qui est en cours d’élaboration. Elle sera adoptée, je espère, en 2010. Notre souci primordial, en tant que scientifiques, est celui de la conservation de la biodiversité. Nous avons l’obligation d’intégrer la biodiversité dans toutes les politiques sectorielles. Pour cela, il faut faire des recherches scientifiques sur le terrain en utilisant des observatoires pour évaluer l’efficacité des mesures mises en œuvre. Le Maroc est un pays touristique par excellence. Cela est très bien. Nous sommes d’accord pour le développement du tourisme, mais à condition qu’il s’agisse d’un tourisme responsable et écologique. Si on vise cette fin, il faut aussi la mobilisation de tous les acteurs, en particulier, du grand public.
Je vais donner des exemples qui se réfèrent à un groupe d’animaux que je connais bien, les reptiles. Il existe, en effet, des menaces sur ces animaux. Et on le constate particulièrement à Marrakech. Comment sensibiliser les professionnels du tourisme ou les touristes qui viennent à Marrakech ? On se rend rapidement compte qu’il existe de points noirs à commencer par la place Jmaa el Fna. On y voit des serpents exhibés par des charmeurs. Il serait souhaitable que ces animaux retournent dans leur milieu naturel.
Nous avons aussi une vipère relicte au Maroc, nommée la vipère heurtant ou Bitis arietans. Son habitat est lié à l’arganeraie. Elle est caractérisée par la présence d’un nœud dans la bouche. Dans le groupe des tortues, une seule espèce demeure dans la famille des testulinidés. Si des mesures de protection de cet animal ne sont pas prises, dans dix ans, cet animal ne sera plus présent. Or des animaux sont proposés à la vente. Ils sont exposés dans des boutiques pour les touristes occidentaux et vendus à des prix dérisoires. Il faut savoir que ce ne sont pas des animaux d’élevage. Ils ont été prélevés dans la nature. Certains objets proposés comme souvenirs sont créés à partir des carapaces de cet animal. On utilise très souvent les plus grosses carapaces qui sont celles des femelles génitrices. Nous avons donc un sex-ratio qui est déséquilibré.
Le caméléon est un animal très doué pour se déplacer sur les branches des arbres. Lui aussi disparaît car sa peau fait l’objet d’usages divers, en particulier en magie. On prélève aussi des macaques Rhésus ou magots dans les falaises de l’Ourika afin de les exhiber sur la place Jmaa el Fna. Dans ce même lieu, on trouve aussi beaucoup de peaux de mammifères sauvages. Si nous avions désormais un souci écologique, nous donnerions une bonne image du Maroc aux touristes et donc un bonne image du tourisme marocain.

Mohamed Ghamizi

On m’interroge souvent sur le jeune muséum d’histoire naturelle de Marrakech. Il a été créé, il y a huit ans. Certains désirent le visiter. En général, il n’est pas connu. Je dois répondre qu’il est dédié uniquement à la recherche. On y trouve des collections d’êtres vivants destinés uniquement, pour le moment aux chercheurs. Nous sommes en train de préparer une grande galerie où seront présentés les travaux des chercheurs pour les visiteurs marocains ou étrangers.
Pour le développement de la vie, l’eau est un élément vital. C’est lui qui assure la biodiversité. Et la principale menace qui pèse sur elle est la destruction des biotopes autour de l’eau puisque c’est là que se développent les espèces vivantes. On travaille sur deux fronts, celui de l’eau afin de voir les menaces sur cet élément. Mais nous nous préoccupons aussi du front qui concerne le sort des espèces des zones humides. Car il y a des zones humides au Maroc. Elles sont de différents types, sources, cours d’eau, lacs, lacs de barrages artificiels, canaux d’irrigation et, il s’agit d’un élément très particulier, les zones humides proches de rivières.
On les trouve près des cours d’eau. Elles bénéficient des apports nutritifs présents dans les rivières et qui viennent des fermes. Il y a là diverses matières organiques et la faune suit. Si on suit le profil d’un cours d’eau de la source vers l’aval, on constate que chaque faune a sa place particulière. Il en est de même pour les lacs permanents dans le Moyen-Atlas ou pour les lacs du Haut-Atlas. Dans le plus haut de ces lacs, nommé Ifni qui se trouve sous le Toubkal à 2295 m d’altitude, on trouve une belle espèce de truite, la truite fario (Salmo trutta) spécifique à ce lac. Il s’agit d’une espèce endémique et particulière qui cohabite aujourd’hui avec des truites arc-en-ciel introduites récemment. Il y a donc, dans ces lacs, une faune particulière et différente des lacs de barrage.
La valeur écologique de cette biodiversité permet de classer les sites en particulier les sites humides grâce aux particularités de la faune qu’on y trouve. On peut prendre l’exemple de Mejra Zerga près de Larache, un des 24 sites Ramsar du Maroc, d’une superficie de 7 300 ha, du lac Zima situé non loin de Marrakech, plus précisément à 70 km de cette ville à côté de la route qui va vers Safi. On y voit, durant la période hivernale, des espèces d’oiseaux comme les Flamants roses, Phoenicopterus ruber. classés sites ramsar. Parmi les onze espèces de crustacés, on peut voir de petites crevettes spectaculairement adaptées aux eaux salines. La flore est adaptée, elle aussi avec 28 espèces d’halophytes et une quarantaine d’espèces phytoplanctoniques. Dans les vallées du Haut-Atlas, chaque vallée constitue un site particulier, certains sont des sites Ramsar, d’autres sont appelés SIBE, ce sont 158 sites d’intérêt biologique et écologique. On les classe selon la biodiversité végétale et animale qu’on y trouve. Certains de ces sites sont terrestres, d’autres sont seulement côtiers lorsqu’ils sont situés près du littoral marin. Beaucoup sont très intéressants à visiter.

Les espèces endémiques sont une des particularités de ces sites. Seules les espèces de grosses tailles sont apparentes. Ce sont des espèces parapluies parce qu’elles protégent ce qu’on ne connaît pas ou ce qu’on ne voit pas. On prend alors comme marque de référence un oiseau ou un arbre, ce qui permet de classer le site selon les critères Ramsar. Derrière cet oiseau ou cet arbre, on sait qu’il existe de plus petites espèces, ce qui n’est pas immédiatement connu. L’arbre cache beaucoup de petites espèces, par exemple des papillons magnifiques, une richesse extraordinaire en insectes, le plus souvent non connues des autorités locales. Tout cela constitue une chaîne alimentaire et cela crée toute une dynamique dans l’écosystème où la plus petite espèce a son importance.
Les invertébrés fournissent un pourcentage très élevé d’endémiques. Il y a même au Maroc des espèces qui ne sont pas encore connues, qui ne sont pas encore décrites. Elles vont donc disparaître avant qu’on sache ce qu’elles sont réellement. Il faut donc avancer dans la connaissance de ces flore et faune et en faire l’inventaire. Il est nécessaire de travailler, de sensibiliser les responsables des communes, les diverses autorités, à tous ces éléments. On peut ainsi signaler que la faune des eaux souterraines, en particulier certaines espèces qui vivent dans les grottes, est indicatrice du degré de pollution de l’eau. De même, les puits peuvent être regardés à la loupe pour la même raison. La diversité des espèces est un indicateur de la qualité de l’eau.

Mais l’observation de cette biodiversité particulière permet aussi de comprendre notre histoire. On peut s’appuyer sur la connaissance des espèces de la faune souterraine pour expliquer la formation des chaînes de montagne, voire la séparation des plaques continentales entre l’Afrique et l’Amérique. L’histoire des régions du Maroc se révèle également par de telles observations. La faune de la région de Tiznit est très différente de celle du plateau des Akhsass. Le reg de la région de Rachidia a une faune différente de celles des régions proches car des chaînes de montagnes la séparent de celles-ci. On y trouve des mouflons à manchette, des lièvres, des perdrix gamba, des outardes houbara, des hérissons, des renards, des chacals, des hyènes, des sangliers, etc. La variété des oiseaux, des reptiles et des poissons d’eau douce est tout aussi grande. Quant à l’animal emblématique de la région, la gazelle, elle a une réserve à Tarda pour la protéger. Des listes des espèces présentes dans ces lieux existent au Muséum de Marrakech. On s’y intéresse à la petite faune méconnue tandis que la grande faune est étudiée à Rabat. Mais je crois qu’avant tout, il faut abandonner une approche seulement répressive dans la protection de la biodiversité.

Saïd El Mercht

Lorsqu’on s’intéresse au rôle écologique, économique et social de la biodiversité, on constate aussitôt qu’il existe beaucoup de défis. Il faut commencer par donner un aperçu des écosystèmes, poser ensuite la problématique de la dégradation, examiner les habitats et les lieux où évoluent et se développent la faune et la flore pour enfin se demander quelles solutions devraient être proposées dans les aires protégées.

Ce sont ces questions qui furent à l’origine du projet des SIBE, des aires protégées. Ces sites se trouvent sur quarante milieux continentaux, dont les trois quarts sont des milieux forestiers. La classification de ces sites est basée sur la végétation car il existe des espèces phares qui sont bien apparentes et stables. Mais on peut aussi prendre en considération l’association des plantes avec les animaux. Dans ces milieux nous comptons 7 000 espèces végétales dont 60 espèces arborescentes et 24 000 espèces animales avec un taux d’endémisme de 11 %.
Les écosystèmes sont classés en sahariens, spécialisés et forestiers. Ce sont là les trois types centraux du classement actuel. Les écosystèmes spécialisés sont définis par des conditions particulières ou la présence de facteurs spéciaux. On y distingue les zones salées, les zones humides comme les tourbières ou les zones sableuses. Les écosystèmes sahariens, où l’on trouve deux espèces d’acacias, sont définis par la présence de chacune de ces deux espèces. Ces espaces ont des conditions climatiques sévères avec une pluviométrie inférieure à 50 mm par an. On y dénombre 650 invertébrés.
Le domaine forestier du Maroc est un espace diversifié, mais fragile, de 9 millions ha, dont 5,8 boisés. On peut donner quelques exemples de sous-ensembles forestiers. Les steppes d’alfa représentent 3,3 millions d’ha. Il existe, ailleurs dans un autre milieu qui est celui de la cédraie, des espèces qui ne se régénèrent pas en raison du déboisement, de la sécheresse, du surpâturage et de l’abattage clandestin. C’est le cas près de Chaouen. Le cèdre de l’Atlas n’occupe plus que 120 000 ha. C’est aussi vrai du pin d’Alep ou du pin maritime qui ne se développent pas assez. Ces arbres sont aujourd’hui très menacés. On pourrait aussi évoquer le chêne vert lui aussi menacé, en particulier par les incendies Il occupe la zone la plus étendue, 1,4 millions d’ha. Cet arbre est le ciment qui relie les massifs forestiers entre eux. Il joue un rôle très important au Maroc. C’est un arbre très rustique qui supporte la pression des populations locales. Car derrière l’arbre, il y a une richesse extraordinaire.
Un autre écosystème est celui du chêne liège de la Mamora très convoité. C’est une espèce très remarquable par ses rôles écologique et économique. Les forêts de chêne liège s’étendent sur près de 350 000 ha, essentiellement dans les régions de la Mâamora, du plateau Central et du Rif. Cependant, les peuplements susceptibles d’être aménagés et exploités économiquement ne représentent que 277 000 ha (79 %), dont 188 000 ha sont effectivement aménagés (68 %). Les subéraies marocaines génèrent, rien que par la production de liège, l’équivalent de 15 millions de dollars US, soit près de 40 % des recettes annuelles générées par la commercialisation des produits forestiers marocains. Elles assurent l’activité de 45 entreprises de récolte de liège et de 13 unités industrielles de transformation et de valorisation de ce produit. 95 % de la production marocaine de liège est destinée à l’exportation.
Le thuya a une grande importance pour l’artisanat d’Essaouira. Il fournit aussi des produits pour les soins de santé ou la pharmacie. Le genévrier rouge, Juniperus phoenicia, se trouve près de Sidi Boughaba. L’arbre le plus important après le chêne vert est le genévrier thurifèren. Il est celui qui est le plus menacé par la population. On trouve d’autres genévriers ainsi que le pistachier de l’Atlas dans l’Oriental. Très souvent, ces arbres ne se trouvent plus que dans des lieux protégés comme dans les enclos des marabouts, les lieux saints ou les cimetières. Leur habitat, dans les autres lieux, est très dégradé.
L’arganier, plus que son rôle d’arbre forestier, a aujourd’hui un rôle économique par la production de l’huile. On accorde à cette huile de nombreux bienfaits pour la santé, ce qui en fait un arbre miracle. Cette forêt a subi une dégradation très forte. Il est vrai que l’arganier, Argania spinosa, est un arbre aux usages multiples, forestier, fruitier et fourrager. Il couvre irrégulièrement 3 millions d’hectares. Il a subi, depuis un siècle, une perte de la moitié de sa surface sous des effets cumulés à la fois anthropiques (surpâturage et déboisement) et climatiques (sécheresse, désertification). On sait que la loi de 1917 protège les forêts, mais une législation spéciale a été édictée dans les zones d’arganier avec un droit d’usage spécial, celui de labourer sous les arbres. Un autre écosystème est celui du caroubier qui est également connu sur le plan économique. Il y a aussi l’acacia et diverses plantes épineuses dans l’Oriental et les nappes d’alfa dans cette même région où l’armoise couvre 3 millions d’ha.
On voit la diversité des milieux par les noms utilisés pour les désigner. Ces écosystèmes abritent une richesse extraordinaire de plantes et animaux. Ils fournissent des biens et assument des fonctions. C’est l’unique moyen de protéger les sols dans certains lieux, ce que font, par exemple, les forêts, donc elles défendent la vie. Il ne suffit pas de les préserver, mais il faut les maintenir dans un état dynamique, leur permettre de pouvoir exercer leurs fonctions et leurs relations avec le reste des êtres vivants. Pour cela, il faut connaître la sociologie végétale avant d’édicter des règles. Mais ces forêts ont des fonctions aussi économiques. Elles contribuent à fournir divers artisanats ou industries en matériaux. Elles satisfont 30 % des besoins en bois pour l’industrie marocaine. On y trouve donc du bois d’œuvre, ce qui justifie la fonction principale des services qui est la protection des sols. Car les forêts sont aussi des lieux vulnérables. On y trouve néanmoins 30 % de l’énergie nécessaire dans le pays. Disposant de 15 % de la superficie mondiale des subéraies, le Maroc contribue actuellement à hauteur de 4 à 6 % à la production mondiale de liège. L’exploitation des plans de gestion des subéraies marocaines, sur une période de 12 ans (1985-1996), a permis de constater que, sur un potentiel annuel indicatif de 178 000 stères, le volume annuel moyen mobilisé se situe autour de 129 500 (environ 15 000 tonnes), soit un taux de réalisation moyen de 73 % et une productivité de 0,56 stère par hectare et par an.
Dans les forêts vivent 17 % du cheptel national. Mais il ne faut pas oublier leur importance pour l’artisanat, les soins de santé, mais aussi de beauté. Car on tire de nombreux produits naturels des plantes aromatiques ou médicinales. Enfin les forêts sont des sources d’inspiration artistique. On y pratique également la chasse ou la pêche donc elles jouent également un rôle dans la sécurité alimentaire.
Aujourd’hui, il existe trois déséquilibres entre les besoins des populations locales et les ressources disponibles.
En raison du défrichement, on constate une perte de 31 000 ha par an. Ce chiffre est très dangereux. Cela peut aussi prendre la forme de l’envasement des barrages ou se traduire par des crues. Il en résulte des pertes en terre dans les forêts, ce qu’on estime être de l’ordre de 2 000 tonnes par km2 au Maroc. Ce sont ces terres qui alimentent les barrages. Par ailleurs les prélèvements du cheptel sont trois fois supérieurs à l’offre.
Le deuxième déséquilibre vient des différences de niveaux entre le développement forestier et le niveau de vie des populations. La pauvreté des populations qui vivent dans les zones forestières a pour effet une trop forte exploitation des ressources locales. On observe, en conséquence, des dégradations intenses des milieux forestiers.
Le troisième déséquilibre existe entre la fragilité des écosystèmes et les aléas climatiques. Il y a un rythme d’incendies qui devient de plus en plus menaçant. La destruction s’établit aujourd’hui entre 4 000 et 6 000 ha par an. Heureusement, les sous-bois sont, plus qu’ailleurs, nettoyés par le cheptel. Cela contribue à la difficulté de la régénération des écosystèmes naturels qui sont souvent voués à la disparition. On peut même dire qu’il y a une dégradation irréversible de certains écosystèmes
On ne peut que souligner la faiblesse de la gestion des forêts. On peut penser qu’il faut la protéger de l’homme et l’on pense immédiatement à des procédés répressifs, à faire intervenir les gendarmes et la police. Pour effectuer un reboisement, il existe d’autres solutions qui peuvent donner lieu à une modification des systèmes sans utiliser la répression. On peut proposer selon les besoins des populations des programmes de plantation d’arbustes utiles, former un personnel qui aura une mission de formation en faisant appel à une multitude de disciplines et de matières.
Si on ne le fait pas, on perd la notion de vision globale. Il y a rapidement d’un côté, une vision qui prend en compte le social et l’économique et, d’un autre côté, une vision purement technique. Se limiter à cette dernière, c’est rapidement se trouver confronté à des limites et mesurer l’insuffisance des approches les plus courantes. Les aires protégées sont, certes, une autre solution pour résoudre le problème. Mais il faut d’abord et avant tout pratiquer l’information des populations afin de les associer à la protection de la forêt. On ne peut rien faire sans les usagers.
On peut ainsi favoriser la valorisation des plantes aromatiques ou médicinales, ce qui peut générer des revenus. Il est vrai qu’on n’a pas toujours les moyens nécessaires pour assurer ces missions. Au Maroc, le parc le plus doté dispose de sept personnes. En Europe, le minimum est de 60 personnes par parc. On saisit là les limites des actions et des approches. C’est aussi une limite pour une approche globale et systémique ou intégrée, pour une approche partenariale et fondée sur le développement durable. On voit donc ce qui est l’idéal, l’implication des populations locales dans la gestion des espèces et ce que l’on peut réellement faire.
En ce qui concerne les aires protégées, une loi récente a été édictée. Elle différencie 5 statuts. La région de Marrakech comporte 6 provinces. Elle possède 20 SIBE dont le Parc national du Toubkal. On ne diffuse malheureusement que peu d’informations sur ces réalisations. En conséquence, on ne trouve que peu de mobilisation car il y a aussi peu d’encadrement.
Comment gérer cette biodiversité dans les aires protégées ? On peut proposer quatre grands types d’action, de conservation d’abord, de régénération et de réintroduction des espèces disparues dans un second temps, d’éducation à l’environnement dans un troisième temps car il faut sensibiliser les différents publics à la perte de la biodiversité et ainsi le faire contribuer à l’effort de conservation. C’est l’occasion de montrer les bienfaits de l’écodéveloppement car la population vit dans ces écosystèmes. Enfin, il y a la recherche et le suivi scientifique, la mise au point d’outils alternatifs pour terminer avec une production des connaissances. C’est alors qu’est possible la valorisation des données, la mise en place d’inventaires et de recensements pour toujours suivre l’évolution des espèces.



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